| Historique | L'esprit de communauté (Michel Robert) |
Lancé le 27 décembre 1979 en profitant de la notoriété de Dallas (on appelle ça un "spin-off"), Côte Ouest a connu une belle carrière puisque cette série a duré 14 ans et connu, en 344 épisodes, un succès international.
S'il est vrai que les scénaristes ont repris le personnage de Gary Ewing (Ted Shackelford), le fils "raté" de Jock et Ellie Ewing, de sa femme Valene et que Bobby Ewing (Patrick Duffy), J.R. (Larry Hagman) et Lucy (Charlene Tilton) sont intervenus dans les premiers épisodes pour attirer les spectateurs, bien vite le feuilleton a pris son envol et acquis sa célébrité propre. Il s'en détachera même totalement lorsque les scénaristes "ressusciteront" Bobby Ewing dans Dallas, alors qu'il restera mort pour Côte Ouest. A partir de ce moment, il deviendra impossible pour les deux histoires de continuer à se côtoyer.
Même si la comparaison avec Dallas vient à l'esprit du fait de la "filiation" des deux séries, l'histoire et l'ambiance de Côte Ouest ne copient pas celles de son glorieux ancêtre. En effet, ici, pas de familles enrichies grâce au pétrole et à l'élevage, vivant dans des ranchs immenses. Simplement des américains moyens, habitant dans un lotissement comme il en existe tant aux Etats-Unis ou même en Europe et exerçant des professions "normales" :
Cependant, au fil des années, l'argent prendra sa place dans le récit avec l'arrivée de l'ambitieuse Abby, avide d'argent et de pouvoir, et du politicien et homme d'affaires Greg Sumner (William Devane). Gary après ses héritages (de son père Jock et de son frère Bobby) se lancera aussi dans les affaires, entrainant ses amis autour de lui, avec des fortunes diverses.
La série a pris fin en 1993 avec un épisode, (le passé retrouvé), où tout semble recommencer : "eh oui, ce sera exactement comme avant !" lance Abby en réemménageant à Knots Landing... La série s'est arrêtée en pleine gloire, non pas pour des querelles, mais à cause d'un phénomène d'usure et parce qu'elle coûtait de plus en plus cher à produire.
Cependant, en 1997, "Knots Landing : Back to the Cul-de-Sac" ("Retour sur la Côte Ouest"), une mini-série de 4 heures réunissant à nouveau les acteurs :
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analyse par Michel Robert
Si la valeur principale de Dallas est sans conteste la famille, celle de Côte Ouest pourrait bien être l'esprit de communauté. Et si, au fil des saisons, cette idée s'estompe un peu, elle reste tout de même, tout au long des épisodes, l'un des moteurs de la série, fortement représentative du début des années 80.
Lorsqu'un beau jour de 1979, le 20 décembre très exactement, Gary et Val, accompagnés de Bobby Ewing, arrivent devant la maison du cul-de-sac (maison offerte par Ellie, la mère de Gary), on sent tout de suite que l'atmosphère de cette nouvelle série sera bien moins lourde qu'au Texas. Gary et Val vont en effet découvrir ici un tout autre mode de vie et vont intégrer un cercle de relations, qui deviendra rapidement un cercle d'amis. Et on en a besoin des amis pour faire face à la vie en Californie. Ici, on travaille dur pour payer les factures et pour faire les courses. Ici, rien n'est dû, mais tout est à prendre ! On est en Californie, bon sang ! Si l'esprit pionnier du western soufflait sur les débuts de Dallas, il semble que ce soit l'esprit de liberté qui souffle à Knots Landing. Moins de traditions, moins de luxe, la vie sur les hauteurs de Los Angeles coule au fil des jours, faite de succès et de déboires (de songes et d'illusions, dirait le générique français !). Et c'est justement cette vie que nous décrit Côte Ouest. |
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Un autre état d'esprit Les deux premières saisons nous renvoient en effet un art de vivre californien, moins confit dans des traditions inutiles que celui du Texas, où l'entraide et l'amitié sont érigés en force. Dès leur arrivée, les jeunes mariés découvrent pourtant que tout n'est pas rose ici. Sid Fairgate et Karen ont des problèmes avec les enfants, les Avery ne semblent pas bien assortis et les Ward sont jeunes, beaux et ambitieux. Peut-être croyaient-ils trouver un havre de paix sur la Côte Ouest... Il n'en est rien, et le doute les envahira même un instant. Mais contrairement à Dallas, ils vont trouver des épaules pour pleurer, et des amis pour les aider. Karen Fairgate est en quelque sorte le lien entre tous les membres de cette communauté, délimité par un nom de rue. C'est elle qui invite, c'est elle qui se soucie de savoir ce qui va ou ne va pas chez les autres. Au point qu'elle en est souvent indiscrète et bien souvent " pot de colle ". Karen, c'est un personnage qui paraît solide. |
Elle est mariée à Sid, un garagiste, avec qui elle file le parfait amour. Ce dernier, compréhensif et intelligent, sera le premier à tendre la main à Gary. En lui proposant un emploi, il tisse le premier lien qui le lie à la communauté. A sa mort, tous seront aux côtés de sa veuve, tout comme lorsque cette dernière trouvera en MacKenzie un nouveau mari. Les Avery sont eux empêtrés dans des difficultés de couple. Richard est un mauvais avocat, qui n'aura de cesse de tout rater, en prenant bien soin d'y impliquer sa famille et les autres membres de la communauté. Quant à Laura, sa femme, elle paraît presque aussi fragile que Valène. Son mari va régulièrement voir ailleurs et ne supporte pas sa réussite professionnelle dans une agence immobilière. Restent les Ward. Plus jeunes que les autres habitants du cul-de-sac, ils paraissent parfois un peu loin des préoccupations des autres membres de la communauté. Kenny est un producteur de disque ambitieux mais macho, refusant à sa femme, Ginger, la carrière de chanteuse qu'elle mérite. Est-ce du fait de leur jeunesse par rapport aux autres membres de la communauté, toujours est-il qu'il disparaîtront de la série au bout de trois saisons, après être finalement rentrés dans le rang grâce à la naissance d'un bébé, dont Karen sera la marraine. |
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Une communauté qui vit sa vie Au fil des deux premières saisons, on va donc voir vivre et évoluer les différents membres. Sous le chaud soleil de Californie, les esprits sont plus calmes qu'à Dallas. Ici, pas de traquenard, pas de corruption. Du moins pour l'instant. Gary et Val réapprennent à s'aimer et découvrent la vie à deux. Gary, fraîchement désintoxiqué de l'alcool doit encore se battre contre son vice et c'est Sid qui le mettra sur de bon rails en lui offrant un poste de vendeur dans son garage. Karen, Laura et Val font les courses, s'occupent des enfants et des malheurs des autres. Kenny, lui, aveugle quant à sa femme, tente de percer. Les épisodes de la première saison sont ainsi fait. L'un après l'autre, les scénaristes nous offrent des morceaux de vie, au travers d'histoires complètes. |
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Certes, les personnages évoluent,
leurs liens se renforcent, mais Côte Ouest n'est pas encore un feuilleton. Et
pourtant, si certains peuvent lui trouver un intérêt moindre, cette saison,
ainsi que la seconde, construisent les bases de ce que sera Côte Ouest par la suite,
et ce pendant 13 ans. Certes, les venues de J.R., qui diminuent au fils du temps, ravivent
le doute chez Gary et Val, mais elles permettent aussi aux Ewing de Californie de
s'émanciper enfin. Lorsque J.R. projettera de pomper du pétrole dans
la baie de Knots Landing, ce n'est plus son raté de frère qu'il retrouvera
face à lui, mais un Gary porté par un esprit de corps tout à fait
différent de celui de la famille Ewing. Fort du soutien de Karen, il tiendra
tête à l'ignoble J.R. et assoira enfin sa maturité. Que serait
devenu Gary s'il n'était pas tombé dans ce cul-de-sac, nul ne le sait,
mais ce qui est sûr, c'est que la force de la communauté lui a permis de
se découvrir ambitieux, dur au travail... Un homme, un vrai, quoi !
Il en va de même pour Val. C'est elle qui doute que la vie ici soit faite pour eux, lorsque suite à la première soirée donnée chez les Avery, Gary se retrouve face à son vice, la boisson. Mais c'est elle aussi qui appréciera le plus d'être loin de Dallas, de découvrir l'océan et l'amitié. Même si au fil des saisons, sa vie se délitera, ses relations presque filiales avec Karen et Mack, lui permettront de passer bien des épreuves. |
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Que penser aussi de Laura, qui après un divorce difficile avec Richard, et une relation tout aussi compliquée avec Greg Sumner, restera à jamais dans les mémoires des habitants du cul-de-sac. Comment oublier les deux heures que durent l'épisode consacré à son testament ? Et comment ne pas voir dans la garde de sa petite fille, Meg, confiée aux MacKenzie, une reconnaissance de la force de la communauté ? Côte Ouest, ce sont donc avant tout des amis, qui se brouillent parfois, mais qui sont toujours là. En cela, la différence est grande avec Dallas, où tout le monde est prêt à marcher sur son prochain pour y arriver. Ici, lorsque les moyens financiers seront au rendez-vous, c'est encore avec les membres de la communauté que l'affaire se fera (Lotus Point). Et si, l'arrivée, à l'automne 1980, d'Abby Fairgate, la sœur du regretté Sid, viendra mettre bien souvent le feu à cette communauté, comment ne pas penser que Côte Ouest est une série enivrante notamment grâce aux liens tissés entre les personnages. Plus que dans tout autre série, ils semblent vrais. Et c'est certainement la plus grande force de la série. |
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